Actuellement, la prise en charge de l’APDS s’attache à traiter les différents symptômes. Pour cela, différents types de traitements peuvent être prescrits : immunosuppresseurs, traitements substitutifs d’immunoglobulines, antimicrobiens prophylactiques, greffes de cellules souches hématopoïétiques, interventions chirurgicales… Ces différentes approches restent nécessaires pour prendre en charge à la fois l’immunodéficience et le dérèglement immunitaire associés à l’APDS. 1-4
Les antimicrobiens
Il a été rapporté dans une étude de cohorte internationale, l’utilisation d’une antibiothérapie prophylaxique chez 61 % des patients inclus, représentant l’un des traitements principaux de l’APDS *. 5
L’utilisation d’antifongiques et d’antiviraux a été rapportée chez respectivement 6 % et 11 % des patients de cette même cohorte*. 5
La prophylaxie antimicrobienne peut cependant ne pas être suffisante chez certains patients, notamment ceux atteints d’infections respiratoires ou d’infections aiguës. Cela peut entrainer la mise en place d’un traitement substitutif par immunoglobulines. 1, 6
Le traitement substitutif par immunoglobulines
Il s’avère que la majorité des patients atteints d’APDS reçoivent un traitement substitutif par immunoglobulines sur le long terme. Un traitement substitutif par immunoglobulines a par exemple été administré chez 87 % des patients d’une cohorte internationale incluant 53 patients atteints d’APDS. *5,7 Il a également été précisé dans une étude incluant des patients atteints d’APDS de type 2, que l’âge moyen de prise de ce traitement était de 5 ans (1 – 35 ans) **. 3
Bien que les immunoglobulines puissent prévenir les infections en corrigeant les déficits en anticorps chez ces patients, elles peuvent ne pas toujours être efficaces. Par exemple, le traitement substitutif par immunoglobulines ne semble pas prévenir le développement d’infections dues à la famille des herpès virus, des complications auto-immunes ou lymphoprolifératives telles que des lymphomes. De plus, des bronchectasies ont également progressé chez certains patients atteints d’APDS, malgré la prise d’un traitement substitutif par immunoglobulines adapté. 1,2
Les immunosuppresseurs
Des immunosuppresseurs peuvent être prescrits en cas de pathologies lymphoprolifératives, auto-immunes ou inflammatoires, incluant les corticostéroïdes par exemple. 5,6
Cependant, l’utilisation prolongée de corticostéroïdes peut être associée à des effets indésirables et entrainer des complications ophtalmologiques ou dermatologiques, du diabète, de l’ostéoporose, de l’hypertension ou encore accroitre la sensibilité aux infections… 8
La greffe de cellules souches hématopoïétiques (GCSH)
Lorsque l’utilisation des traitements symptomatiques est insuffisante, la GCSH peut être envisagée et peut être curative, notamment pour les patients sévères. D’après la littérature, entre 10 et 20 % des patients atteints d’APDS sont traités par une GCSH#.
Cette option thérapeutique est d’ailleurs plus souvent proposée aux patients atteints d’APDS1 qu’aux patients atteints d’APDS2. 6
Cependant les risques de décès et de complications restent importants en cas de greffe. Bien que la greffe de cellules souches hématopoïétiques puisse réduire la fréquence des infections ou la gravité de la lymphoprolifération, les manifestations au niveau des organes non hématopoïétiques sont susceptibles de persister. 6
Les principaux obstacles à la réussite de cette GCSH sont le risque élevé d’instabilité du greffon, la présence de comorbidités significatives, ainsi qu’une infection, une auto-immunité ou une lymphoprolifération mal contrôlées avant la greffe. 9
Après une GCSH, les risques de complications rénales restent présents chez les patients atteints d’APDS (même en présence d’un système hématopoïétique issu d’un donneur). Cela s’explique par une sensibilité rénale accrue en post-greffe et également par des complications chroniques à plus long terme. 9
Un suivi post-GCSH à long terme d’un grand nombre de patients pourrait contribuer à élucider la cinétique de la reconstitution immunitaire et du chimérisme du donneur. Cela permettra d’établir des approches réduisant l’instabilité du greffon et d’évaluer l’intégralité de l’inversion du phénotype au fil du temps. 9
Une étude rétrospective internationale a suivi 57 patients atteints d’APDS 1 ou 2 (âge médian : 13 ans ; intervalle : 2 à 66 ans) ayant subi une GCSH ##. 9
Les principales complications post-GCSH étaient les suivantes## : 9
Les premières manifestations de l’APDS, apparaissant dès la petite enfance, sont généralement les infections respiratoires récurrentes, suivi par des bronchectasies et une maladie auto-immune. Lorsque le diagnostic est confirmé à l’âge adulte, l’organisation famille est à considérer, avec la nécessité d’un conseil immédiat. 1
Une revue de la littérature a montré des antécédents familiaux de déficit immunitaire chez plus d’un tiers des 243 patients atteints d’APDS (38,6 %)###. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de recueillir l’historique médical familial afin d’orienter les examens génétiques. 2,7
*Étude de cohorte internationale évaluant les caractéristiques cliniques, immunologiques, histopathologiques et radiologiques de 53 patients atteints d’APDS. L’âge moyen de ces patients était de 17,2 ans. 5
**Étude de cohorte internationale publiée en 2016 dont l’objectif était d’étudier les caractéristiques cliniques, immunologiques et histopathologiques de 36 patients atteints d’APDS de type 2. 3
#Revue de la littérature ayant pour objectif de détailler le mécanisme moléculaire de l’APDS, ainsi que les spécificités de son diagnostic et de sa prise en charge. Les études sélectionnées étaient toutes des études de cohorte. 6
##Étude rétrospective internationale incluant 57 patients adultes et pédiatriques atteints d’APDS de type 1 et 2. L’objectif était d’étudier les caractéristiques des greffes de cellules souches effectuées chez ces patients. 9
###Revue de la littérature ayant pour objectif d’évaluer les caractéristiques cliniques, immunologiques et génétiques des patients atteints d’APDS. Les études sélectionnées ont été publiées entre 2013 et 2018. Au total, 55 publications ont été étudiées, incluant 243 patients atteints d’APDS (179 patients atteints d’APDS-1 et 64 patients atteints d’APDS-2). 7